mai 14, 2024

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Le rejet français du meilleur économiste américain porte un coup à l’Europe libérale – POLITICO

Le rejet français du meilleur économiste américain porte un coup à l’Europe libérale – POLITICO

Lionel Barber est un ancien rédacteur en chef du Financial Times (2005-20) et chef du bureau de Bruxelles (1992-98).

Personne ne fait « non » mieux que les Français. Charles de Gaulle a dit « non » à deux reprises à la candidature de la Grande-Bretagne à l’adhésion à la Communauté économique européenne ; Jacques Chirac dit « non » à la guerre en Irak ; Et Emmanuel Macron a donné cette semaine le pouce vers le bas à l’universitaire américaine de Yale Fiona Scott Morton, qui a été choisie pour le poste d’économiste supérieur à la puissante direction de la concurrence de l’UE à Bruxelles.

L’Affaire Scott Morton peut sembler anodin comparé au débat sur la place de la Grande-Bretagne en Europe ou sur le conflit armé au Moyen-Orient, mais le veto français du premier étranger en dit long sur la paranoïa actuelle de l’UE à propos de l’influence et du pouvoir américains.

Une telle réflexion a gagné du terrain à Bruxelles alors que Macron a présenté une vision de l’Europe défendant les États-Unis, résistant à la pression pour devenir « des partisans des États-Unis », comme il l’a dit en avril.

La débâcle de Scott Morton rappelle ce déjeuner à Bruxelles il y a exactement 30 ans, lorsque certains responsables soupçonnaient les États-Unis d’être impliqués dans un complot anglo-saxon visant à saboter leurs projets d’union économique et monétaire. « Souvenez-vous de James Jesus Angleton », un officier belge au visage de pierre a crié le nom du légendaire et fanatique officier de contre-espionnage de la CIA au plus fort de la guerre froide.

Le professeur Scott Morton a été sélectionné comme le meilleur candidat du concours ouvert. Il a bénéficié du soutien de Margrethe Vestager, la commissaire danoise à la concurrence de l’UE, souvent décrite comme le régulateur antitrust le plus puissant au monde. Il avait également le soutien d’Ursula von der Leyen, la chef allemande de la Commission européenne, dont le leadership pendant la guerre d’Ukraine et la pandémie de Covid a suscité de nombreux éloges des deux côtés de l’Atlantique.

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Tout cela a compté en vain. Malgré son illustre pedigree universitaire, Scott Morton, un ancien responsable antitrust de l’administration Obama qui a travaillé pour Apple, Amazon et Microsoft sur des affaires antitrust aux États-Unis, a suggéré que ses antécédents l’avaient en quelque sorte disqualifié pour le poste de George W. Bush s’est trompé lorsqu’il s’est plaint que les Français n’avaient pas de mot pour « entrepreneurs ». Le problème aujourd’hui, c’est que Paris ne comprend pas le terme « chasseur devenu garde-chasse ».

Carl Bildt, ancien Premier ministre de Suède, Tweeté: « Il est triste que l’opposition bornée de certains pays de l’UE ait conduit à cela. On dit qu’il est un candidat très compétent, et la connaissance des États-Unis et de ses politiques antitrust n’aurait certainement pas dû être un inconvénient.

Aujourd’hui, l’opposition à la nomination du président Macron a suscité un bon soutien au sein de la Commission, du Parlement européen et des syndicats européens. Cristiano Sebastiani, président de Renouveau & Democratie, le syndicat représentant les employés de l’UE, a déclaré que les hauts fonctionnaires de l’UE « doivent investir, faire confiance et contribuer au projet européen. La logique de notre loi est qu’un fonctionnaire de l’UE ne peut jamais redevenir un citoyen ordinaire.

Le veto français du professeur Scott Morton revient à Vestager, qui était pratiquement intouchable lors de son premier mandat de commissaire à la concurrence entre 2014 et 2019. Il est crédité d’avoir mené des enquêtes, des amendes et des poursuites contre de grandes multinationales telles que Google, Apple, Amazon, Facebook, Qualcomm et Gazprom. Plus controversé, du moins à Paris et à Berlin, il a opposé son veto à un projet de fusion entre deux géants industriels, Alstom et Siemens, visant à créer un champion européen.

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Le deuxième mandat de Vestager était une autre histoire. Il a fait face à des réactions négatives devant les tribunaux, qui ont annulé les amendes contre Apple et Qualcomm. Plus tard, bien qu’il ait été vice-président de la commission, Vestager s’est retrouvé défié par un subalterne nominal sous la forme de Thierry Breton, l’ancien homme d’affaires français en charge du marché intérieur de l’UE.

Les deux se sont affrontés au sujet de la loi et de la politique de l’UE sur les marchés numériques en matière d’intelligence artificielle, une lutte par procuration pour l’influence globale à Bruxelles.

Vestager et Breton se sont affrontés au sujet de la politique de police et d’intelligence artificielle de la loi sur les marchés numériques de l’UE Olivier Hoslett/EPA/AFP via Getty Images

Breton soutient le soi-disant traité sur l’IA, une tentative de faire avancer certaines parties du projet de législation de l’UE sur l’intelligence artificielle. Cela interdirait certains cas d’IA, restreindrait les applications « à haut risque » et imposerait des contrôles sur la manière dont Google, Microsoft et d’autres développent des technologies émergentes.

En revanche, Vestager soutient un code de conduite volontaire centré sur l’IA générative, comme ChatGPT. Au lieu d’attendre deux ans pour obtenir l’approbation légale du traité sur l’IA de Breton, il pourrait être déployé à l’échelle mondiale, en partenariat avec les États-Unis.

Alors, quelle est la solution? Si l’on veut que l’Europe ait une chance de l’emporter, selon l’argument, les États membres doivent adopter une approche beaucoup plus stricte de la politique de concurrence. Cela conduit à la création de champions nationaux ou paneuropéens au détriment des subventions et de la répression d’autres comportements anticoncurrentiels. En bref, les politiques libérales ont été conçues pour protéger le statu quo du marché unique et ont été engendrées par les Vikings en guerre.

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Pour ceux qui se sont déjà demandé comment le pouvoir s’est déplacé au sein de l’UE depuis que le Brexit a sorti le Royaume-Uni de l’équation, c’est la preuve que « l’Europe libérale » est sur une piste perdante.

Au revoir, Petite-Bretagne; Bonjour, petite Europe.