Comment l’Arabie Saoudite et la France ont forgé une alliance ancrée dans la langue, la culture et la créativité

Paris : Lorsque je suis en public à Djeddah, je parle souvent français avec les membres de ma famille, et à chaque fois cela suscite intérêt et passion. « Oh, je veux apprendre le français », m’a dit un jour un gérant de parfumerie avec un sourire et une étincelle dans les yeux.

Les Saoudiens sont particulièrement attirés par la culture et les produits français, à tel point qu’ils célèbrent parfois la francophonie avec plus d’enthousiasme que les pays qui font partie de la communauté francophone depuis des décennies.

Le français est une langue internationale, parlée par 325 millions de personnes dans le monde. Environ 93 millions d’écoliers et d’étudiants suivent un enseignement en français et 51 millions de personnes apprennent la langue.

En effet, même si l’Arabie Saoudite n’est pas un pays francophone, cet attrait s’est fait sentir dans tout le Royaume ces dernières années. Environ 150 000 personnes parlent français dans le royaume et 500 professeurs enseignent la langue.

De Riyad à Djeddah et de Dammam à Gobar, des communautés francophones se multiplient. Des lycées français bien établis dans de nombreuses villes du royaume ont contribué à un boom renforcé par les récentes réformes.

Le 1er avril, l’Ambassade de France à Riyad a organisé une soirée suhoor pour célébrer le lancement du French Saudi Youth Business Club. Le club est une plate-forme permettant aux jeunes entrepreneurs des deux côtés de se connecter et de collaborer les uns avec les autres. Pour cela, il organisera des activités liées aux entreprises axées sur divers sujets, notamment l’innovation, la technologie, la durabilité et les tendances futures.

Le 14 juillet 2020, à l’occasion de la fête nationale française, Arab News a lancé son édition française pour créer un pont entre les mondes arabophone et francophone. Le projet est un symbole fort et durable de la relation entre la France et l’Arabie Saoudite.

De plus, Riyad a organisé un festival en mars pour marquer le Voyage de la Francophonie le 20 mars.

Le festival 2022 a vu plus de 60 événements culturels, éducatifs, sportifs et gastronomiques à travers le royaume.

L’ambassadeur de France en Arabie saoudite, Ludovic Pouille, s’est dit satisfait de la popularité de la langue française dans le royaume, qui se traduit par « la demande croissante d’adhésion à notre Alliance française, mais aussi dans nos écoles ».

Dès 2021, lors du Voyage de la Francophonie, de jeunes Saoudiens exprimaient leur désir de voir s’épanouir la langue française.

« La langue française m’a donné l’opportunité de communiquer avec les pays francophones ; Cela a renforcé mes compétences professionnelles et linguistiques », a déclaré un étudiant à Arab News. Il s’est dit intéressé à regarder une « chaîne saoudienne en français » à la télévision.

L’édition 2023 du Mois de la Francophonie mettra l’accent sur des artistes et des œuvres qui reflètent les perspectives les plus larges du monde. La musique, le cinéma, la gastronomie, la littérature et les arts visuels ont été présentés à Riyad, Ghobar, Jeddah et Al-Ula.

Parmi les événements phares, le dessinateur Joël Alessandra a visité ces quatre villes, et avec Van Cleef et Arpels, une nuit a offert son lot de poésie, d’émerveillement et de magie.

D’autres événements locaux ont eu lieu dans plusieurs villes en mars en collaboration avec toutes les ambassades des pays francophones. En 2021, 10 ambassades ont participé au Festival de la gastronomie des pays francophones.

Les États membres du Conseil de coopération du Golfe contribuent à cimenter les liens historiques qui unissent le monde arabe et la France. Ces dernières années, la langue française n’a cessé de gagner en importance aux Émirats arabes unis et au Qatar.

Le gouvernement français, pour sa part, prend des mesures pour encourager et promouvoir l’enseignement de la langue française dans la région. Il a soutenu financièrement des organismes et des institutions engagés dans l’enseignement ou la promotion de la culture et de la langue françaises.

De nombreuses écoles de langues proposent désormais des cours de français dans la région du CCG. Il existe également un nombre croissant d’instituts de langues privés proposant des cours pour adultes et enfants, ce qui facilite plus que jamais l’apprentissage du français dans la région.

Pour les membres de l’organisation internationale de la Francophonie, le français est un outil important pour les affaires et la diplomatie. De nombreux pays puissants du Golfe sont des alliés stratégiques et des partenaires commerciaux de la France, de sorte que le développement de la langue contribue à renforcer ces liens.

Prenez l’Arabie Saoudite. Grâce au partenariat noué avec la France dans de nombreux domaines, une culture francophone y est depuis longtemps enracinée.

Un accord historique entre la France et l’Arabie saoudite remonte à 2018 pour promouvoir les aspects culturels et patrimoniaux du gouvernorat d’AlUla et lancer des initiatives scientifiques conjointes liées à la recherche et aux fouilles archéologiques dans le Royaume.

Ce n’est pas seulement le plus grand site archéologique du monde mais aussi le plus grand partenariat culturel entre les deux pays.

Ingrid Peris-Valero, directrice de l’archéologie et du patrimoine à l’Agence française pour le développement d’Al-Ula, a déclaré que l’accord était « un modèle de développement économique, touristique et culturel visant à promouvoir et à protéger le patrimoine culturel d’Al-Ula ».

En novembre 2021, lors d’une visite à Paris, le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr bin Farhan, a signé une autre série d’accords favorisant la coopération culturelle dans les domaines de l’architecture, du design, du patrimoine, des arts visuels, des arts de la scène, du cinéma et de divers autres domaines. Littérature.

Un mois plus tard, le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Riyad et a rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane. Les deux parties ont signé un accord de coopération conjoint sur l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et un protocole d’accord sur la coordination des relations culturelles entre l’Arabie saoudite et la France.

Macron a ensuite accueilli le prince héritier à l’Elysée en juillet dernier. Comme le prince Turki al-Faisal l’a dit à Arab News à l’époque, la visite s’inscrivait dans le cadre de liens franco-saoudiens très forts, « grâce aux liens que le roi Faisal a tissés depuis 1919 ».

Il a dit qu’il s’agissait d’une « relation renforcée par des visites fréquentes en France et l’accueil de chefs d’Etat français en Arabie saoudite ».

Le ministre saoudien de la culture était de retour à Paris en mars pour rencontrer son homologue française Reema Abdul-Malak.

Dans ce contexte, une pierre de plus a été ajoutée à l’édifice de la coopération culturelle entre la France et l’Arabie saoudite avec la signature d’une convention entre la Commission royale pour AlUla et le Centre Pompidou, l’Institut national des arts et de la culture de Paris.

L’objectif est de créer un musée d’art contemporain à AlUla, ce qui aidera le centre à étendre sa présence en Arabie saoudite.

Cette coopération culturelle particulièrement riche entre la France et le Royaume s’accélère et devient un partenariat stratégique faisant partie intégrante de la Saudi Vision 2030 et du plan « France 2030 », deux initiatives communes.

Pour Pouille, ambassadeur de France en Arabie saoudite, « la transition énergétique va conduire à la protection de l’environnement, à la biodiversité et à la transformation numérique ».

La culture occupe une place particulière dans ce partenariat. Il reflète le porte-drapeau et l’ouverture de la région du Golfe saoudien à la culture francophone.