Le Sénat français a voté à une écrasante majorité pour rejeter la législation ratifiant un accord commercial de 2017 entre l'Union européenne et le Canada, critiqué par les agriculteurs comme favorisant une concurrence déloyale de l'étranger.
PARIS — Le Sénat français a voté jeudi à une écrasante majorité pour rejeter la législation visant à ratifier un accord commercial de 2017 entre l'Union européenne et le Canada, critiqué par les agriculteurs comme entraînant une concurrence déloyale de l'étranger.
L’accord économique et commercial global UE-Canada, ou CETA, est entré en vigueur provisoirement en septembre 2017 après l’accord de tous les gouvernements de l’UE, mais sa mise en œuvre complète nécessite l’approbation de chaque parlement national.
Le vote de jeudi au Sénat par 211 voix contre 44 ne signifie pas que la France rejettera finalement la ratification. Le vote envoie le projet de loi à la puissante Assemblée nationale, qui l'a préalablement approuvé et peut passer outre le rejet du Sénat et donner son approbation finale à la mesure.
Si le Parlement rejetait la législation lors de son deuxième vote, cela signalerait un échec de l'approbation de la France et pourrait faire échouer l'accord commercial avec l'UE.
L'opposition au Sénat s'est concentrée sur les préoccupations concernant le traitement des agriculteurs locaux comme une concurrence déloyale et la protection de la souveraineté alimentaire de la France. La Chambre n'a pas encore fixé de date pour l'examen du projet de loi.
Le processus de ratification dans l’UE est lent, la France et neuf autres pays de l’UE, dont l’Italie et la Belgique, n’ayant pas encore donné leur accord.
Les échanges commerciaux entre l’UE et le Canada ont considérablement augmenté depuis l’entrée en vigueur provisoire de l’accord commercial. De 2017 à 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de 51 %, les exportations françaises vers le Canada ayant augmenté de 33 %.
Malgré ces gains économiques, le CETA a fait l’objet de critiques, notamment concernant son impact sur les agriculteurs européens et l’environnement. Les critiques soutiennent que cela nuirait à l’agriculture locale et augmenterait les émissions de gaz à effet de serre dues au transport d’un plus grand nombre de marchandises.
L’AECG vise à terme à éliminer près de 99 % des tarifs douaniers. Cela inclut une autorisation particulière pour certains produits européens comme les pruneaux d'Agen et le reblochon de Savoie.
Le rejet du Sénat met la pression sur l’Assemblée nationale, qui a adopté de justesse l’AECG en 2019. Si la France ou tout autre État membre de l’UE rejette catégoriquement l’accord, cela affectera des parties de l’accord déjà en vigueur.
Le vote des sénateurs français intervient après que les agriculteurs de France et de toute l'Europe ont protesté contre leurs tracteurs plus tôt cette année, critiquant fréquemment les accords de libre-échange, y compris l'AECG, en raison de ce qu'ils appellent de faibles revenus, des réglementations strictes et une concurrence déloyale de l'étranger.
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