Les manifestations de masse contre la « réforme » des retraites découlent du ressentiment croissant sous Emmanuel Macron.
Le 10 janvier, la Première ministre française Elisabeth Bourne, une Projet de réforme des retraitesLa principale caractéristique en est le relèvement de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans. Le plan a suscité une mobilisation massive, s’appuyant notamment sur une large solidarité syndicale – une rareté en France. Un paysage syndical fragmenté.
Fédération dirigeante, CFDT, s’est souvent distingué par sa volonté de compromis sur ce type de réforme. Ce n’est pas le cas actuellement.
En France, nous avons vu les plus grandes manifestations depuis trois décennies Novembre-décembre 1995. Ils sont particulièrement remarquables Dans les petites villes: Un peu comme gilets jaunes En 2018-19, c’était une émeute la France profondeBien que les méthodes soient très différentes.
Les sondages sont clairs: 72 % sont opposés à la réforme, près de 80 % des moins de 65 ans. C’est le cas de 78% de la population active, et les managers sont un peu moins résistants. Les seuls qui sont un peu favorisés… sont les retraités.
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pourquoi ça? Il y a trois raisons principales.
La « réforme » est épuisante
D’abord, pendant 40 ans, les gouvernements successifs ont demandé aux Français d’accepter des « réformes » qui réduisaient les droits sociaux. Celles-ci ont dégradé les services publics de santé, d’éducation, de transport, etc., tout en érodant le pouvoir d’achat et les mauvaises conditions de travail. Ils n’ont pas, comme promis, mis fin à l’industrialisation, stoppé la détérioration des comptes extérieurs de la France, ni relevé sa faiblesse en matière d’innovation. Et les Français sont fatigués.
Précisément en ce moment, en raison de la structure institutionnelle défectueuse de la Ve République, ils se retrouvent gouvernés par le gouvernement le plus néolibéral de ces quatre décennies. Le président réélu, Emmanuel Macron, a déclaré que si tous ces revers sociaux ne renforçaient pas la « compétitivité » de l’économie française, ce n’était pas parce que les politiques étaient mauvaises – mais plutôt parce que la France n’avançait pas assez vite. Dans cette direction.
Depuis 2017, Macron a tenu parole : démanteler la législation du travail et affaiblir les syndicats, réduire les allocations logement pour les plus démunis, limiter les droits des chômeurs et désormais réformer les retraites pour faire des économies. Dans le même temps, il a réduit les impôts des riches et multiplié les baisses d’impôts sur les sociétés et de cotisations sociales. C’est la recette de la révolution…
Le système électoral de la Ve République permet à Macron de remporter le premier tour de soutien d’un cinquième des électeurs potentiels en 2022. Élection présidentielle, pour jouir de tout le pouvoir pendant cinq ans. Affaibli lors de son premier mandat, il n’a pas réussi cette fois à mettre derrière lui une majorité parlementaire absolue. Mais il veut cimenter sa majorité par la réforme des retraites Les RéAnnoncesLe parti de droite traditionnel préconise fortement de telles coupes dans les dépenses sociales.
Ce faisant, Macron attise les tensions et alimente la radicalisation de la société française. Avant l’épidémie, les gilets jaunes Il est déjà devenu le mouvement social le plus long et le plus violent en France depuis la Seconde Guerre mondiale.
On aurait pu croire que cela aurait été une leçon. Pourtant, dans le sillage du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, Macron a décidé de réformer l’assurance-chômage et les retraites pour réduire à nouveau les dépenses sociales et les droits des travailleurs. Donc ça prend une autre forme, même si c’est envoyé par des syndicats de refus massifs gilets jaunes.
Particulièrement injuste
Le deuxième facteur est que cette réforme est particulièrement injuste. Le système de retraite français est structuré autour de deux paramètres principaux : l’âge minimum de départ à la retraite (actuellement 62 ans) et la durée minimale de cotisation requise pour obtenir une retraite à taux plein – 42 ans, projetée à 43 ans en 2035. (En plus de relever l’âge minimum de la retraite à 64 ans, la limite serait portée à 2027 dans le cadre de la proposition.)
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Ce plan est particulièrement injuste punir Ceux qui ont commencé à travailler et ont payé des cotisations à l’avance. Ce sont surtout des gens avec des salaires très bas, des conditions de travail difficiles et une espérance de vie courte, ceux qui ont étudié à l’université et qui doivent déjà partir après 64 ans, qui vont un peu souffrir. Le gouvernement est obligé d’introduire quelques changements pour limiter l’injustice, mais ils ne sont pas facilement accessibles et les problèmes sont nombreux.
C’est ce qui dégoûte le public. Après tout, Macron a clairement indiqué lors de son premier mandat qu’il ne ferait pas une telle démarche car ce serait trop injuste. Nous avons fait des réformes des retraites Encore et encore Encore une fois : en 1993, en 2003, en 2010… à chaque fois le gouvernement jure que c’est la dernière et que le système sera sûr pendant des décennies. Chaque fois revient après quelques années pour durcir à nouveau le système.
Vrai, part du PIB Consacré à la retraite En France, 15,9 % (handicap compris), le plus élevé d’Europe, bien que derrière la Grèce et l’Italie. Mais cela reflète le passé.
A l’avenir, grâce aux réformes déjà mises en place, la France est l’un des seuls pays de l’UE à augmenter la part des retraites dans le PIB malgré le vieillissement de sa population. devrait être réduit, selon la Commission européenne. D’ici 2070, la France ne se classera plus au troisième rang à cet égard, mais proche de la moyenne de l’UE à la neuvième place.
Compte tenu de l’augmentation de la proportion de retraités dans la population, Cela indique Une forte baisse pour les futurs retraités. Cela est bien compris par le public. C’est pourquoi ils ne sont pas d’accord avec la volonté du gouvernement de réduire encore de 0,7 point de pourcentage du PIB les dépenses de retraite.
Par ailleurs, l’âge minimum légal de départ à la retraite dessous Le spectre de l’UE, qui détermine ce qui compte Utile L’âge de la retraite en France est la durée de cotisation. Cet âge effectif de départ à la retraite existe déjà augmente rapidement Et continuera de le faire avec l’arrivée de la première génération de retraités à accéder massivement à l’enseignement supérieur. Même sans réforme, il atteindra 64 ans dans les années à venir.
Pour toutes ces raisons, le public ne voit pas l’urgence d’une telle réforme. Si nous avons des difficultés limitées à équilibrer le budget des retraites au cours des prochaines années, nous pouvons augmenter légèrement les cotisations des employeurs et des employés.
Des mauvaises conditions de travail
Enfin, une troisième dimension explique la forte résistance des Français à travailler plus d’heures à mesure qu’ils vieillissent : leurs mauvaises conditions de travail. Bien que la France ait une législation du travail très complète, etc. Conventions collectivesIl est hautement classifié Faible taux de syndicalisation, avec des pouvoirs très limités pour les représentants des salariés et une inspection du travail squelettique absente de la quasi-totalité des petites entreprises. Tout cela s’accompagne d’un type autoritaire et hiérarchisé, féodal Style de gestion.
C’est plus facile que dans les pays allemands et nordiques où les conditions de travail – environnement physique, stress et rythme de travail, stress psychologique – sont bien pires. observé Dans les études d’Eurofound. Dans le terrorismeAvec 3,4 décès pour 100 000 salariés, la France était en 2019, selon Eurostat, l’un des pays de l’UE (plus la Norvège et la Suisse). Très dangereux Perte de vie au travail que la Bulgarie.
Le gouvernement Macron ne cherche pas à améliorer la situation. Au lieu de cela, en 2017, il a aboli les comités de santé et de sécurité dans les entreprises de plus de 50 employés. Pas étonnant que les Français veuillent arrêter de travailler dans de telles conditions au plus vite.
Creuser l’écart
Avec les manifestations culminant le 7 mars, une grève prolongée et générale ne semble pas être le scénario le plus probable. La situation économique n’est pas bonne et les pertes liées au pouvoir d’achat sont déjà importantes, les travailleurs seront donc réticents à se lancer dans une telle aventure. Les étudiants, qui jouent souvent le rôle de catalyseur de mouvements sociaux d’envergure en France, ne semblent pas s’être mobilisés loin de leurs jeunes esprits sur ce sujet.
Le gouvernement peut-il remonter 64 ans en arrière pour renouer des relations notamment avec la CFDT ? Ce serait raisonnable mais peu probable. Macron a fait de cette « réforme » un symbole de sa capacité à transformer le pays. Cette décision était cruciale pour son alliance avec la droite traditionnelle. Et il a les moyens institutionnels de faire passer cette loi au Parlement.
Il semble donc que la réforme sera effectuée. Mais cela creuserait le fossé entre le peuple et les élites et ré-augmenterait le potentiel de ressentiment populaire contre l’establishment. Malheureusement, cela profite à l’extrême droite, qui est devenue politiquement dominante parmi les classes ouvrières.
Guillaume Duval est l’ancien proviseur Économie alternative.
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